Comme le dit l'intro du coffret retraçant leur trente ans de carrière,

c'est un cheval sans nom parcourant les ondes au galop, qui, en 1972, fait découvrir America au monde entier. Ce seul morceau, qui à l'époque caracole en tête des hits, a rendu ces tout jeunes musiciens célèbres en Europe, aux States et bien au-delà, à peine un peu plus d'un an après la création de leur groupe par

Gerry Beckley, Dewey Bunnell et Dan Peek .
L'ironie du sort a voulu que nos trois Pères Fondateurs, fils de militaires de l'US Air Force basés en Angleterre, se rencontrent là-bas en 1969 et choisissent un an plus tard, sans doute par nostalgie, un nom de groupe faisant explicitement référence à leur terre patrie. L'idée leur vient alors qu'ils se retrouvent devant le juke-box de marque 'Americana' dans la cafétéria où Dan et Dewey ont un petit boulot. Dans la bio agrémentée de citations passionnantes qui accompagne le fabuleux coffret mentionné plus haut, Beckley précise que la naissance définitive du groupe se situe vers le milieu de l'été 70, date à laquelle le trio est déjà performant et possède à son répertoire 8 ou 10 morceaux originaux qu'ils travaillent et répètent exclusivement sur leurs guitares acoustiques.

Ils tournent dans les clubs à Londres, les auditoriums de facs ... et dès lors, nos trois jeunes auteurs/compositeurs/interprètes séduisent immédiatement par leur style qui intègre des éléments de rock, de pop et de folk-music, chaque membre du groupe apportant ses propres talents et influences à l'ensemble. Ils auditionnent dans les bureaux de la Warner Brothers devant le vétéran de l'industrie du disque Ian Samwell (leur futur producteur) dans les mois qui suivent, en partie grâce à Jeff Dexter leur manager, rencontré au Roundhouse, fameuse salle de Londres où ce dernier a en charge la programmation (il est DJ, en somme), et où sont passés les Who, les Pink Floyd et autres célébrités de l'époque. Mais aussi grâce à Dave Howson, qui dirige alors le célèbre club rock londonien Middle Earth et connaît bien Mr Samwell.

Lors de l'audition, il jouent tous les morceaux qui figurent sur leur 1er album, plus un morceau récent de Bunnell intitulé 'Desert Song' qui sera un peu plus tard renommé 'A Horse With No Name', et que la Warner se hâtera de sortir comme single. Celui-ci fait immédiatement dès 1972 un vrai tabac sur les ondes radio et dans les bacs.

Il n'en faut pas plus bien évidemment pour encourager la Warner a produire leur premier album (déjà enregistré au cours de l'été 71) d'abord intitulé simplement 'America' et sorti à un certain nombre d'exemplaires en Grande-Bretagne (difficiles à se procurer de nos jours sur le marché du disque d'occasion) où par erreur ne figure pas la chanson HWNN, avant de se raviser et de sortir l'album à grande échelle mais cette fois en incluant le déjà célèbre single dont le nom apparaît alors sur l'album (notamment pour les USA). Le public découvre très vite les fantastiques talents de musicien, mélodiste et arrangeur de Gerry Beckley, les influences folk-jazz mêlées aux rythmes latins qu'affectionne Dewey Bunnell, et qui épousent parfaitement les images impressionnistes contenues dans les paroles qu'il écrit, ainsi que la contribution aux accents country-rock de Dan Peek et ses lyrics qui laissent parfois déjà présager de son engagement spirituel à venir. Nous sommes en 1972, et l'album est un franc succès qui se confirme avec l'accueil fait au tube "I Need You". Les événements se précipitent alors pour notre trio. Ils sont alors à peine âgés de 19 - 20 ans et sont déjà célèbres un peu partout.

En février 1972, la Warner les envoie aux US où HWNN plafonne dans les charts. Là-bas, ils réalisent combien ils se sentent chez eux et la nostalgie qui les tiraille à leur retour en Angleterre les incite à s'installer définitivement en Californie.

Très vite, leur premier album certifié disque d'or sous le bras, ils quittent la Grande-Bretagne et J. Dexter pour Los Angeles, et leur nouveau manager David Geffen. Dans la foulée, ils enregistrent cette même année leur second album Homecoming (qui initie la future habitude du groupe à utiliser des noms commençant par la lettre 'H' pour les titres des albums) et connaissent une série de succès avec des tubes énormes comme "Ventura Highway," "Don't Cross The River" ... Ils ne cessent de faire de la scène. On les réclame partout. C'est d'ailleurs en sortant de scène qu'ils apprennent ravis, un soir de mars 1973, qu'ils sont les lauréats d'un 'Grammy Award' qui les couronne en tant que meilleur groupe de l'année 1972. Beckley dira dans une interview qu'une récompense de ce type peut parfois avoir le goût d'un 'baiser de la mort' (kiss of death).

Et en effet, alors que le groupe est au sommet de sa créativité et de son enthousiasme, sort cette année 1973 l'extraordinaire et très ambitieux Hat Trick, sur lequel les morceaux, les paroles et les arrangements ont été extrêmement soignés selon eux, et qui s'avère néanmoins être un échec commercial cuisant. La réponse à ce mauvais résultat des ventes se devait d'être à la fois pragmatique et drastique. Tous trois se tournent alors vers le célébrissime ex producteur et arrangeur des Beatles George Martin ( appelez-le 'Lord George' car il a été anobli il y a quelques années par Elisabeth II), qui signera les nouveaux arrangements à suivre, en appliquant la même recette qu'avec les Beatles. Et ça marche pas mal puisque sous sa houlette, America sortira des tubes tels que "Tin Man," "Lonely People" et en 1975 un nouveau Number One dans les charts avec "Sister Golden Hair". Les années G. Martin correspondent à la sortie des albums Holiday (1974), Hearts (1975), Hideaway (1976), Harbor(1977). Ce dernier marque la fin des années trio, et le tournant que va devoir amorcer le duo Bunnell-Beckley après le départ un peu précipité de Peek pour des raisons de mésentente entre eux mais aussi de croyance et d'engagement religieux de la part de Dan........
A suivre.......
(Merci à Genevieve pour cette 1ere traduction !!!) |